Un beau week-end qui nous a réunis sous le soleil et autour du thème de l’argent ! Samedi matin, c’est repos. Synonyme de grasse matinée, promenade, discussions ou retrouvailles selon chacun… A 10h30, on se rassemble pour le traditionnel café au bar et la prière à Marie, puis nous en profitons pour entraîner nos voix aux nouveaux chants qui embelliront les prières du week-end.
L’après-midi, un cadre de banque nous rejoint : origine de notre système financier, fonctionnement des banques, crise de 2008, entreprenariat social, réflexions éthiques sur l’utilisation de l’argent, remarques sur l’argent de poche… Autant de lumières sur la marche de notre société et les discernements qui s’imposent. La finance doit être au service de l’homme et de son légitime désir de vivre mieux. L’argent est un bien ambigu (il peut tout autant soulager la misère que la créer), et le plus convoitable par définition : il me donne la certitude qu’avec lui, je peux tout obtenir sur terre. C’est lorsqu’il est utilisé comme fin, non plus dans une optique de service des personnes, que le système déraille. « L’argent, bon serviteur, mauvais maître » disait Horace…
Un moment de pause ; on en profite pour faire découvrir l’élégance de notre belle bâtisse aux nouveaux venus, et le charme du parc qui se colore déjà de quelques fleurs…
Après un temps d’adoration et réconciliation suivi du dîner, (et le soulagement d’avoir triomphé des Ecossais au rugby…), direction la salle de théâtre. Le film « Au bord du monde » donne la parole aux sans-abris au milieu des lumières de la capitale, sur un bord de trottoir ou sous un pont. Le temps du film, on partage des fragments de leur vie, dévoilés simplement et sans fards. La joie de trouver des cigarettes en se réveillant, la peur d’être chassé, le plaisir de lire un article de journal, le froid et la pluie, le courage de sourire, ou le décrochage qui survient… Au salon, on partage nos impressions à l’aide d’un livret d’ATD Quart Monde qui traite des idées fausses sur les pauvres et la pauvreté.
Un petit groupe se dirige vers la chapelle pour les complies, puis les conversations vont bon train au bar et au salon, près du bois de cheminée qui brûle. Le jeu du tueur en passionne quelques-uns jusque tardivement !
Dimanche, le ciel est toujours aussi bleu et Véronique nous fait part des dernières nouvelles du monde. Succède un temps d’échange en petits groupes à partir de trois paroles de l’Evangile de Saint Luc « Malheur à vous les riches, car vous possédez votre consolation » (VI ; 24) « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur » (XVI ; 9) « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent » (XVI ; 13). Entre chaque temps de réflexion, le père Stéphane nous éclaire sur la portée de ces mots. Par ces propos bibliques, c’est la mentalité de riche qui est visée, l’état d’esprit de possession, la richesse qui rassasie l’esprit. Un riche qui donne répond parfaitement à l’appel du Christ. C’est tout de suite qu’il nous faut plonger dans le monde de la pauvreté, il ne s’agit pas d’attendre d’être riche pour aider celui qui a moins que moi. Nous ne le serons jamais assez ! Que je ne n’habite pas un monde ou tous me ressemblent, le Ciel est un ciel communautaire, avec les pauvres et les mendiants. Le problème, ce n’est pas l’argent qu’on a, mais l’argent qu’on garde… « Là où est ton trésor ; là aussi sera ton cœur » (Matthieu VI ; 21)
Avant la messe, point de vie sur le jeûne, par le père. Nous vivons le jeûne parce que nous attendons. Comme j’attends quelqu’un qui vient, je me prépare ; il faut désirer la rencontre. Le désir ne vient pas sans l’attente. Il s’agit d’avoir faim, de ressentir un manque : jeûner suscite la réflexion « de quoi ai-je faim ? » Seulement de bouffe, ou de davantage ? L’homme ne vit pas seulement de pain… Attention à ne pas légaliser le jeûne, on risque d’enlever le cœur. Le père souligne aussi l’importance du jeûne avant l’eucharistie qui est plus qu’une privation : un entraînement du désir. Le jeûne eucharistique, qu’on fait ou qu’on ne fait pas, dit aussi l’importance de l’eucharistie pour nous. « J’ai désiré ardemment manger cette Pâques avec vous » ; sachons exciter le désir spirituel.
On déjeune dehors, sous le soleil : un air de vacances en hiver… Le café s’accompagne de chocobons, et le père conclue le week-end par quelques mots sur « L’argent, quoi faire ? » et la lecture du message du pape François pour le Carême. Les départs se succèdent au milieu du rangement, entretiens avec Véronique et le Père… Les derniers profitent de la prairie pour discuter ou brosser le poney avant de prendre la direction de la gare !