Nous nous retrouvons tous dans le salon, en cercle, assis. Nous avons pris soin de laisser un espace entre deux fauteuils pour celui qui irait réciter son poème.
Une voix s’élève alors : Qui est volontaire pour commencer ?
Mon sang ne fait qu’un tour et dans un excès de folie je me lève me portant ainsi volontaire pour réciter en premier ma poésie : « Le Chien et le loup de Jean de La Fontaine ».
Me voilà debout face à l’auditoire, je prends un temps de silence, quelques respirations profondes, je balaye la pièce d’un regard et me voilà lancée : « Un loup n’avait que la peau et les os, Tant les chiens faisaient bonne garde. »
Je déroule mon poème, en variant le ton, en marquant comme il se doit les ponctuations.
Je parviens à la morale : en deux mots mieux vaut avoir sa liberté et chasser sa proie pour vivre plutôt que l’inverse …
Je marque une petite hésitation, mais me voilà bien vite assise au fond de mon fauteuil : ouf c’est fini !
Vient le tour de Victoire avec « Sur la mort d’un enfant » d’André Chénier.
C’est un tout autre registre et pas des plus joyeux. Son ton de voix nous fait rentrer dans cette histoire au registre macabre.
Blanche avec qui nous avons presque verser une petite larme récita « Lucie » d’Alfred de Musset avec une certaine passion. Le ton est calme et posé, son bras droit accompagne le rythme de son poème. Il ne m’en faut pas plus pour imaginer ce récit.
Les passages s’enchaînent ponctués par de petits silences.
Grégoire se lève alors d’un pas assuré, en quelques secondes le voilà lancé et commence : « Seigneur, quand froide est la prairie, Quand dans les hameaux abattus, Les longs Angelus se sont tus… »
Tous ces poèmes sont tout sauf réjouissant : entre la mort d’un enfant, le désespoir d’un poète amoureux et la mémoire couchée sur le papier des morts de la guerre Franco-Allemande.
Louis-Marie, quant à lui a choisis « L’hirondelle et les petits oiseaux » de l’éternel Jean de La fontaine.
Derrière cette belle histoire printanière se cache une morale décapante comme il savait si bien les écrire.
“Que la vie en vaut la peine” de Louis Aragon déclamé avec conviction par Marie-Hermine.
Une fois de plus, ce poème est si bien récité qu’il est aisé de s’y plonger.
Hélène ferme donc la marche, petit sourire d’entrée et nous voilà transportés dans ce poème :
« L’éveil d’un enfant ». Je vois des images se dessiner dans ma tête, l’enfant ouvre les yeux, observe le monde autour de lui … Après nous avoir récité son poème, Hélène sourit à l’auditoire puis d’un pas lent va s’asseoir à sa place.
Un silence se fait sentir, la pression se relâche, chacun congratule les autres en applaudissant.
Le professeur récite à son tour son poème, nous fait remarquer la beauté de la langue française et les bienfaits d’une telle soirée.
Finalement, nous repartons tous avec ce que nous appellerions des points positifs et à « améliorer ».
Ainsi s’achève cette soirée poésie qui aura été sans aucun doute riche en connaissance du cinquième art.
Marguerite-Marie