9ème rendez-vous de l’année ! Examens, boulot qui se poursuit, vacances qui se profilent ou période de stage, les sourires éclairent toujours les visages : ça compense le ciel gris…. Cette fois-ci, on se retrouve autour du thème de « L’AVENIR ». Dès vendredi soir la maison résonne de nouveaux accents : Marseille et la Belgique sont parmi nous, et ça s’entend. La joie quant à elle, est universelle et s’invite spontanément autour de la table du dîner, donnant la note aux rencontres et retrouvailles.
Samedi, le domaine s’éveille au fil des arrivées : anciens, amis ou nouvelles recrues (le fameux test 48h), ça s’anime ! Le père Stéphane introduit en deux mots le wend ; le ton est donné, et on accueille Matthieu Berger, médecin et prêtre. Sur le terrain de l’avenir, la médecine prédictive appelle la réflexion. Son but ? Prévoir la probabilité de l’apparition de la maladie avant son expression. Une vidéo nous plonge dans le sujet et c’est parti pour des échanges autour de la question : fiabilité des tests, secret médical, prédire pour mieux guérir, implication de la famille biologique, risques de discrimination génétique, répercussions sur l’emploi, les assurances, transformation du rôle de l’activité médicale… les idées fusent et on commente : l’étendue du sujet donne matière à penser ! Le père Berger nous propose une approche plus pragmatique en évoquant les divers types de mutations génétiques, les tests existant, les multiples facteurs d’une maladie, les règles de dépistage, le principe de déontologie médicale et de bienfaisance… Le mot de la fin est consacré à la position de l’Eglise sur la question : notre seule prédestination est la vie éternelle, et l’avenir que Dieu nous ouvre ne peut être tout à coup clos par une révélation scientifique. En effet, c’est bien la possibilité d’avenir qui nous permet de grandir et nous engager. Sans ça… plus d’ouverture à la vie.
Quelques rayons percent et nous invitent à interrompre nos pensées : les baskets sont vite enfilées pour se défouler sur la prairie, ballon au pied !
Petit moment en groupe pour prendre de la hauteur sur ces enjeux, se positionner sur ce qui, finalement, questionne le regard que je pose sur la vie : quelle influence concrète aurait la prédiction ? Quelle limite à la légitimité de connaître les risques ? La mutilation comme réponse à une prédiction ? Et le « droit de ne pas savoir » ? Quelle place au non quantifiable ? La prédiction est une possibilité donnée ou enlevée ? Maîtrise et contrôle, ou abandon ? Cette volonté d’éviter à tout prix la maladie et la souffrance dans ma vie, cette recherche entêtée de la santé… plus que la vie ? Une foule de paradoxes accompagnent le problème !
L’appétit n’en est pas coupé pour autant et nous nous réunissons avec entrain autour des tables du réfectoire. Dîner dégusté, direction notre belle chapelle de la Visitation. Les rires se font chuchotements et laissent place aux chants et au silence, pour adorer notre Christ ; c’est l’occasion de prendre le temps de se confesser. Le chaleureux salon est vite envahi, piano et guitare emparés, et c’est tournée générale de tisane avant d’entamer avec enthousiasme un Times ’Up en équipes : imagination et mémoire tournent à 100 à l’heure entre deux fous rires ! Plus tard on revisite même les inépuisables classiques du chef d’orchestre ou du ninja…
Dimanche matin, des croissants frais nous régalent (merci Timothée !) Les plus matinaux activent leur matière grise à la bibliothèque, examens obligent ; ou enfilent jogging et basket pour un footing dans la campagne du Vexin français… Après une répétition musicale supervisée par Alix, nous retrouvons le père Stéphane pour deux points d’actualités : la mémoire des 20 ans du génocide rwandais et le pape Jean XXIII canonisé quelques jours auparavant.
Un génocide, 100 jours, un million de morts. Et un silence consternant qui flotte autour de cette boucherie. On entend les évènements, les circonstances et les retombées de cette sombre page d’histoire qui écrit sa tragédie sur les places même des villages, au cœur des écoles, des maisons et de certaines églises. Les massacres des Tutsis par les Hutus à la machette et au gourdin font suite à l’alimentation d’une haine interethnique, aux dénonciations du fils, du voisin, du maire. On atteint des sommets dans l’horreur. Et ceci dans un des pays le plus chrétien d’Afrique. Horreur de l’homme, lâcheté des pays européens qui ne reconnaissent pas leur responsabilité et se taisent. Touche de couleur dans ce désastre : des hommes ont résisté et tenté de sauver des Tutsis, souvent au prix de leur propre vie. Au-delà du ronronnement qui entoure continuellement les guerres mondiales, sachons ce qui s’est passé, une honte pour le monde et une interrogation sur la cruauté de l’homme, catholique ou non.
Plus gai, le portrait de Saint Jean XXIII, ce « bon pape » méconnu de notre génération. Un homme à l’allure rondouillarde et gentille, mais surtout convivial, plein d’humour et de finesse, d’une grande simplicité et très aimé. Initiateur des conférences de presse au Vatican et du secrétariat pour l’unité des chrétiens, il est celui qui écrira l’encyclique Pacem in terris, adressée à « tous les hommes de bonne volonté ». Œuvrant pour le rapprochement des chrétiens, il convie des représentants d’autres religions au Concile de Vatican II dont il annonce l’ouverture. A travers l’une de ses prières, lui aussi nous parle de l’avenir, ou plutôt du présent : « Rien qu’aujourd’hui, j’essaierai de vivre ma journée sans chercher à résoudre le problème de toute ma vie »
Après une belle messe, avec homélie de notre Padre, toujours percutant dans ses paroles, le déjeuner se conclut par un délicieux gâteau au chocolat…
Un point final à ce week-end de mai par quelques mots sur la peur, c’est le point de vie du weekend : les si, les comment, la peur de ce qui peut arriver… Peur de l’avenir, peur de l’autre… d’où ne sort jamais l’amour ! « Le parfait amour bannit la peur » (I Jean IV, 18). Mon réflexe ? Je m’agrippe à mes petites habitudes, vivant de la routine, cette petite mort. Ou alors je me taille : repli sur moi-même et la charité s’éteint. Face à cette peur, il faut savoir construire sa « demeure » : le silence (habité c’est mieux), la modestie (reconnaître mes forces et mes failles), ouvrir aux autres les fenêtres de ma vie. La crainte, c’est sans foi. Est-ce que j’accepte que cette vie est un don reçu ? I faut alors la recevoir et la vivre comme elle m’est donnée. Et non comme elle serait possible. C’est maintenant que Dieu me la donne, pleinement, pas demain. Il y a une vie à célébrer, à contempler, à proclamer, tout de suite. Une richesse à capter, dans l’instant. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »
Fin ensoleillée de deux jours heureux et intenses ! Un week-end de mai qui bouscule, insiste sur un point de nos existences, réveille une vie peut-être engourdie… bouffée d’air, regain de zèle, vrai coup de boost ! On repart de plus belle avec un livret de documents complémentaires préparé par notre directrice !
A dans un mois, pour le dixième ?
Les Présents